La Jeune fille au pair de Joseph Joffo đź’šđź’›
Source de l'image: livre.fnac.com |
Le pitch: 1950, Paris. Wanda, jeune orpheline Suisse, est engagée comme jeune fille au pair par les Finkelstein, une famille juive. Elle souhaite comprendre qui ils sont et pourquoi les nazis ont voulu les exterminer. Au fil du temps, elle abandonnera ses a-priori auprès de Samuel, Hélène et de leurs fils, et profiter d'une vie familiale qui lui a tant fait défaut. Mais pour son entourage, elle reste un mystère, qui disparaît épisodiquement pour un étrange voyage dont on ne sait rien.
J'ai toujours beaucoup aimé l'écriture de Joffo et son art de saisir ses personnages dans leur environnement quotidien un peu comme un photographe immortaliserait un inconnu au détour d'une rue (ça me rappelle un peu les images de Doisneau). C'est le genre d'écriture qui peut trouver un écho en chacun de nous, car il possède la particularité de nous ramener à des souvenirs. Mais il y a un fossé entre cette prose au style innocent et le thème traité...
L'auteur a bien réussi à cadrer cette France d'après la guerre, dans laquelle les familles juives essayent d'élever "normalement" leurs enfants sans leur faire oublier leurs origines. Les Finkelstein incarnent ces anciens déportés qui ont voulu que leurs enfants connaissent leur histoire, quitte à ce que Wanda trouve cet environnement morbide. Au début du roman, Joffo affirme avoir inventé cette histoire après avoir entendu une de ses amies juives (et ex-déportée il me semble) dire qu'elle avait emplyé une Allemande pour s'occuper de ses enfants, et ce juste après la guerre. Ce roman porte donc dès son début le thème de la réconciliation et les efforts fournis par les Finkelstein ainsi que bon nombre de Juifs afin de renouer avec les allemands qui, ils l'auront vite compris, n'étaient pas tous du côté de Hitler. Ce thème de l'après est traité d'une façon originale, puisqu'il est vu du côté d'une Allemande. Ce sont ses problèmes psychiques sur lesquels l'écrivain s'est focalisé, bien davantage que sur ceux de la famille Finkelstein.
Maintenant, parlons de la réflexion sur la banalité du mal qui est faite dans La Jeune fille au pair. L'extrait que j'ai relevé juste en haut est issu d'un rêve effectué par l'un des personnages, au cours duquel un diable vient lui raconter sous une sorte de parabole) comment un démon a voulu devenir humain pour l'amour d'une femme. La morale? Il est tellement facile pour la nature humaine de montrer son côté sombre, de pousser au meurtre et à la cruauté, sans même que le démon humain s'en repentisse. Le célèbre procès de Nuremberg qui est détaillé dans le roman montre des criminels froids face à leurs exactions et ne présentant aucun remords. Ce mal continu ensuite de faire des ravages, et l'on remarque avec horreur que les nazis dans le Paris de 1950 sont no seulement toujours présents mais très influents! Une chose est sûre, vous serez remplis de haine à leur égard à un point que vous ne pouvez pas l'imaginer.
Finalement, Joffo aura visé juste en construisant une telle intrigue qui permet une grande variété de tableaux ainsi qu'une sorte de parole philosophique.
Malgré tout, j'ai trouvé la fin un peu rose bonbon, en mode tout est bien qui finit bien, "les gentils sont heureux et les méchants sont punis" alors que finalement il y aura toujours une part d'injustice dans la réalité. Il faut rappeler qu'alors que des nazis auront coulé une vie très pépère en Amérique latine, des milliers (millions?) de Juifs, de Tziganes et autres victimes sont restés brisés par la guerre. Qui ne se souvient pas de Primo Levi qui a fini par se suicider à cause de ce passé?
Mais bon, cela reste tout de mĂŞme un bon livre.
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