L'Amie prodigieuse -Tome I de Elena Ferrante ♡♡♡

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"Je ne suis pas nostalgique de notre enfance : elle était pleine de violence. C’était la vie, un point c’est tout : et nous grandissions avec l'obligation de la rendre difficile aux autres avant que les autres ne nous la rendent difficile"

Le pitch:

Naples, à la fin des années 50. Elena et Lila sont deux petites filles du quartier populaire, liées par une indéfectible amitié. Si toutes les deux sont brillantes, la même vie ne leur est pas destinée: alors qu'Elena poursuivra ses études, Lila doit quitter à l'âge de dix ans l'école pour travailler dans la cordonnerie de son père. Mais cela ne les empêchera pas de se suivre mutuellement avec une indifférence plus ou moins feinte, de se séparer puis de se retrouver, dans une Italie à mi-chemin entre le passé et l'ère moderne.

Selon moi, ce qui fait la richesse de ce roman, ce n'est pas tant l'intrigue que les ressorts de l'amitié particulière entre les deux héroïnes. L'histoire est contée par Elena, alors âgée, qui nous parle de Lila, sa grande amie. C'est elle, la prodigieuse. Au fil des chapitres, nous découvrons en Elena une petite fille timide, qui paraît vivre dans la crainte constante d'être laissée de côté par Lila, qui donne un souffle à sa vie, cette vie qui est un enchaînement perpétuel de défis, d'admiration et peut-être de jalousie. C'est une relation presque inédite en littérature, bien loin des clichés du genre Bibliothèque rose et autres. Le lecteur a l'impression que ce couple n'est qu'une seule et même personne, tant Elena et Lila sont complémentaires. Elena est discrète, aspire à la reconnaissance et à l'évasion, appliquée à rester une excellente élève. Lila est forte, indépendante, et se contente de tracer sa voie dans l'univers noir qui lui est proposé. Cette dernière est rendue fascinante au travers du regard d'Elena, malgré sa personnalité qui pourrait passer comme détestable (elle est méchante, violente...). A mes yeux, c'est une preuve de la magie de l'auteur, qui réussit à nous faire aimer Lila malgré ses défauts. Mais revenons donc sur cet auteur particulier..

Si l'oeuvre en elle-même est savoureuse, ce qui excite la curiosité des lecteurs, c'est tout le mystère qui plane dessus, digne des théories sur Shakespeare. En effet, Elena Ferrante n'est qu'un pseudonyme, et la ou les personnes qui se cachent en dessous sous inconnues.

Dans une autre dimension, ce monsieur ou cette madame est plutôt calé en sociologie, ce qui lui permet de proposer au lecteur un portrait très travaillé de cette Naples de petits trafics, d'histoires noires et de misère, incarnée au travers de personnages variés, du fasciste Solara à la folle Melina.

En tout cas, si vous aimez la littérature plus vraie que nature, les relations tordues sans tomber dans le morbide et les petites anecdotes croustillantes, lisez ce livre!

Sur ce, je vais tout de suite m'atteler au second tome, Le Nouveau nom!